Boris
Leonidovitch. Poète et romancier russe. Né le
10 février à Moscou, mort à Peredelkino
(près de Moscou) le 30 mai 1960.
Boris
Pasternak est le fils aîné d'un peintre connu,
Leonid Pasternak, illustrateur préféré
de Tolstoi, professeur à l'Ecole des beux-arts de Moscou,
et d'une pianiste virtuose, Rosalia Kaufman, qui a renoncé
à sa carrière en se mariant.
Pasternak
est élevé dans l'amour de tous les arts. Tolstoï,
Rilke et le grand compositeur Skriabine sont les amis de la
famille; ils exerceront sur lui une profonde influence. A
13 ans l'émerveillement devant la musique de Scriabine,
éveille sa première vocation. Il compose une
sonate que le musicien a couvert d'éloges. Mais six
ans plus tard Borisrenonce brusquement à la musique
pour se consacrer à des études universitaires
de philosophie.
Pasternak
subit l'influence du symbolisme avant de faire ses début
sous la bannière du futurisme et devenir l'ami de Maïatovski.
Son lyrisme fondé sur un sentiment de participation
à l'élan créateur de la vie, le conduit,
malgré son adhésion spontanée à
la révolution, à résister à la
domination de l'idéologie marxiste, puis à la
contester dans le roman d'inspiration autobiographique Le
docteur Jivago.
Pasternak
a salué la Révolution, y compris les décrets
bolcheviques d'octobre 1917, cette " magnifique chirurgie
", comme dira le docteur Jivago, son porte-parole. Mais
il ne conçoit pas que l'art puisse obéir à
des impératifs politiques, si nobles soient-ils. La
poésie ne se commande pas : c'est une " haute
maladie " qui défie la raison et la volonté.
En
même temps qu'il s'affirme comme l'un des premiers poètes
de sa génération, Pasternak cherche aussi sa
voie dans la prose. Le récit autobiographique Sauf-conduit,
conçu en 1927 comme un hommage à Rilke, devient
une profession de foi et une apologie de la poésie
face à l'idéologie communiste. Achevée
au moment où apparaissent les premiers symptômes
de la terreur, l'uvre laisse deviner à travers
l'image de Venise, le spectre de l'Etat policier, et se conclut
par l'évocation du suicide de Maïatovski présenté
comme le tragique accomplissement du principe subversif inhérent
à tout lyrisme.
Marié
en 1923 à une jeune artiste peintre, Evguénia
Lourie, qui lui donne un fils, Evguéni, Pasternak se
sépare d'elle en 1931 pour former un nouveau foyer
avec Zinaida Neuhans, elle-même séparée
du pianiste Heinrich Neuhans. La passion qu'elle lui inspire
et le séjour qu'il fait avec elle en Géorgie,
où il est accueilli et choyé par l'élite
culturelle du pays, sont vécus comme une " seconde
naissance " dont l'euphorie le rend perméable
à la propagande communiste.
Mais
la faveur officielle l'asservit et lui pèse : en juin
1935, souffrant d'une grave dépression, il est enrôlé
de force dans la délégation soviétique
au Congrès antifasciste de Paris.
Vers
1936, il cesse progressivement toute activité publique
et se retire dans la " datcha " de Peredelkino,
aux environs de Moscou, mise à sa disposition par l'Union
des écrivains.
L'arrestation
et le procès de Boukharine (1938) dissipent ses illusions
sur Staline et en font désormais un opposant silencieux.
Il
traduit des poèmes de Keats, de Shelley, de Verlaine
(son poète français préféré)
de Petöfi, de Slowacki.
En
1938 il entreprend une traduction de Hamlet suivie par six
autres tragédies de Shakespeare, de Goethe et de Schiller.
Son
existence retirée lui a rendu la sérénité.
La guerre, qui entraîne en 1941, l'évacuation
de sa famille et son propre enrôlement dans la défense
civile de la capitale, lui apparaît pourtant comme une
épreuve purificatrice. Elle lui inspire des poèmes
patriotiques.
Dès
août 1946, les décrets de Jdanov annoncent de
nouvelles persécutions. Olga Ivinskaïa, sa dernière
passion, de vingt ans sa cadette lui inspire le personnage
de Lara. Elle est belle, elle est libre. Soupçonnée
d'espionnage, en octobre 1949 elle est arrêtée.
Pressions et menaces ne le font pas renoncer à son
projet de roman auquel il continue de travailler en secret
jusqu'à la mort de Staline et la libération
d'Olga Ivinskaïa en avril 1953.
Achevé
en 1955, Le docteur Jivago est, sous les apparences d'une
fresque historique des " années terribles de la
Russie ", un roman d'amour et une fable symbolique. Ce
qui l'intéresse, c'est bien plus sa vie intime, ses
sentiments ou le processus de ses pensées que l'analyse
objective des luttes révolutionnaires. Sa tentative
pour concilier l'âme du poète avec la société
soviétique ne réussit qu'imparfaitement.
Sa
publication en Italie (octobre 1957) après qu'elle
a été rejetée par les éditeurs
soviétiques, est une événement de portée
mondiale, le défi involontaire d'un homme seul face
à un système totalitaire encore sans faille.
L'attribution
du prix Nobel en octobre 1958, qui lui apporte le soutien
de l'opinion mondiale, en fera un paria dénoncé
comme un traître devant l'opinion de son pays. Exclu
de l'Union des écrivains soviétiques, donc privé
de tout moyen d'existence légal, et menacé d'exil,
il devra refuser le prix pour mettre fin aux persécutions.
Ce
n'est qu'en 1987, à la faveur de la " perestroïka
" que l'Union des écrivains réhabilitera
sa mémoire en annulant son exclusion, et que Le docteur
Jivago pourra enfin atteindre sans entraves les lecteurs russes,
ses principaux destinataires.
De
tous les grands poètes russes du XXe siècle,
Pasternak est sans doute celui dont les vers sont aujourd'hui
le plus largement connus et le plus souvent cités.
La
musique baigne ses vers et leur donne un charme insolite,
et l'ouïe comme le regard perçoivent des images
pittoresques.
Personnages
Lara
Antipova (Larissa Fiodorovna, née Guichard) mariée
à Pavel Pavlovitch Antipov. Ils ont une fille, Katia.
Lara est devenu femme trop tôt, criminellement tôt.
Elle a été initiée à la vie par
son plus mauvais côté, sous un jour menteur,
comme une comédie de boulevard. Un homme immoral, d'une
médiocrité satisfaite, est entré dans
sa vie et à cause de lui elle a raté son mariage
avec un homme supérieur qui l'aimait et qu'elle avoue
avoir aimé aussi.
Jivago
(Iouri Andréiévitch). Fils d'un riche industriel
sibérien et de Maria Nikolaïevna, née Védéniapine
; mari de Tonia (Antonina Alexandrovna, née Groméko).
Ils ont deux enfants, Sacha et Macha. Elevé dans une
famille de professeurs appartenant à l'élite
intellectuelle du Moscou du début de ce siècle,
atteint l'âge d'homme au moment de la guerre 1914. Son
destin sera commandé par le cours tumultueux de la
révolution russe. En 1917 il est médecin militaire,
mais tout comme Pasternak lui même il est poète.
Ses vers, recueillis après sa mort, forment l'épilogue
du roman et prolongent dans le présent sa vie interrompue
en 1929. Il a " rêvé toute sa vie d'une
grande uvre où prendraient place les images et
les pensées qui l'ont marqué le plus profondément
" et ses vers n'étaient à ses yeux que
" l'ébauche de ce grand tableau ".
Pavel
Antipov Pavlovitch (Pacha), fils du cheminot Pavel Férapontovitch
Antipov et de Daria Filimonovna. Professeur, puis général
de l'armée révolutionnaire sous le pseudonyme
de Strelnikov. Originaire de Moscou, après avoir terminé
ses études à l'Université, avait demandé
un poste de professeur en province, avait été
fait prisonnier à la guerre, avait longtemps été
porté disparu. La sincérité révolutionnaire
de Strelnikov (un sans-parti que rien n'arrêtait) se
distinguait par sa pureté, son fanatisme authentique
mûri par toute une existence, et qui ne devait rien
au hasard. Partout il arrivait à l'improviste, il jugeait,
condamnait et faisait exécuter ses arrêts sans
sourciller. Depuis l'enfance Strelnikov aspirait à
tout ce qui est grand et pur. Il caressait l'idée qu'il
servirait d'arbitre entre la vie et les principes mauvais
qui la souillaient ; qu'il prendrait sa défense, qu'il
la vengerait. La révolution lui avait donné
des armes.
Komarovski
(Viktor Ippolitovitch), avocat, puis homme politique pendant
la Révolution. Protecteur d'Amélie Karlovna
Guichard, mère de Lara. Puis amant de Lara. Conseiller
juridique de l'industriel millionnaire Jivago (père
de Iuori), il le poussait à boire, embrouillait ses
affaires, et l'ayant acculé à la banqueroute,
il précipita sa perte. Iouri Jivago le tient pour responsable
du suicide de son père.
Résumé
Iouri
Jivago a dix ans lorsqu'on enterre sa mère, Maria Nikolaïevna.
Tant que sa mère avait vécu, Iouri n'avait pas
su que son père les avait abandonnés depuis
longtemps, qu'il voyageait sans cesse en Sibérie et
à l'étranger, qu'il faisait la noce, et qu'il
avait déjà semé aux quatre vents tous
leurs millions. Iouri avait eu une enfance désordonnée
et remplie de perpétuelles énigmes ; il était
souvent chez des étrangers, et ce n'étaient
jamais les mêmes. Tout petit, il avait encore connu
l'époque où le nom qu'il portait désignait
une foule d'objets des plus divers.
Il
y avait la manufacture Jivago, la banque Jivago, les immeubles
Jivago. Brusquement, tou cela s'était envolé.
Ils étaient devenus pauvres.
A
la mort de sa mère, on avait placé l'enfant
dans la famille du professeur Groméko où Iouri
avait trouvé une atmosphère favorable au-delà
de tout espoir. Avec Tonia, la fille de la maison et son camarade
de classe Gordon ils formaient une triple alliance.
Iouri
savait penser et écrire et rêvait d'une uvre
en prose, mais il était encore trop jeune, aussi se
contentait-il d'écrire des vers, comme un peintre qui
passerait sa vie à faire des études pour un
grand tableau.
Anna Ivanovna, la mère de Tonia, avait passé
dans un lit d'hôpital tout le mois de novembre 1911
à cause d'une une pneumonie. Ce jour là lorsqu'elle
eut retrouvé son souffle elle dit aux jeunes gens :
" si je meurs, ne vous quittez pas. Vous êtes faits
l'un pour l'autre. Mariez-vous. Là, je vous ai fiancés
", ajouta-t-elle, et elle fondit en larmes.
La
guerre contre le Japon n'était pas encore terminée.
Soudain d'autres événements la reléguèrent
au second plan. La Russie était balayée par
les vagues de la Révolution, plus hautes et plus surprenantes
les une que les autres.
Mme
Guichard avait acheté une petite entreprise, l'atelier
de couture de Levitskaïa. Depuis la mort de son mari
elle vivait dans une terreur perpétuelle de la misère.
Rodia et Lara, ses enfants s'étaient habitués
à entendre dire qu'ils étaient au bord de la
ruine. Lara et son frère comprenaient que dans la vie
ils auraient tout à conquérir à la force
des poignets.
Un
ami de son mari l'avait prise sous sa protection, c'était
un homme d'affaires, à la tête froide, qui connaissait
la vie commerciale de la Russie comme sa poche. Il lançait
à Lara des regards qui la faisaient rougir. Lara avait
un peu plus de 16 ans, mais c'était déjà
une jeune fille entièrement formée. Elle était
très jolie. Lara était l'être le plus
pur au monde.
Comment
cela est-il arrive ? Comment cela a-t-il pu arriver ? Maintenant
elle est une fille perdue. Si l'intrusion de Komarovski
dans la vie de Lara n'avait suscité de sa part que
du dégoût, elle aurait su se révolter
et se libérer. Mais ce n'était pas si simple.
Les galanteries de Komarovski, au fond d'une voiture, sous
le nez du cocher, ou dans une avant-loge isolée sous
les yeux du théâtre entier, avaient quelque chose
de sournoisement audacieux qui la captivait et qui incitait
à la riposte le diablotin qui se réveillait
en elle.
Il
était sa malédiction, elle le haïssait.
C'était à cause de sa mère qu'elle ne
pouvait rompre avec lui. Elle ne pouvait pas dire à
sa mère de ne pas le recevoir. Autrement tout se découvrirait.
Six
mois de liaison avec Komarovski avaient passé la mesure
de la patience de Lara. Il était très habile
à profiter de son abattement, et lorsqu'il le lui fallait,
il savait, sans le faire paraître, lui rappeler subitement
son déshonneur. Lara tombait alors dans le désarroi
que les voluptueux cherchent chez les femmes. Ce désarroi
la livrait chaque jour davantage au cauchemar sensuel qui
lui faisait dresser les cheveux d'horreur lorsqu'elle était
dégrisée.
Puis,
son amie Nadia lui ayant trouvé un travail de préceptrice,
pendant plus de trois ans Lara vécut chez les Kologrivov
comme à l'abri d'une muraille de pierre.
Rien
ne venait porter atteinte à son indépendance,
et même sa mère et son frère, auxquels
elle se sentait de plus en plus étrangère, ne
se rappelaient pas à son souvenir.
Son
travail chez les Kologrivov n'avait pas empêché
Lara de terminer ses classes. Pacha Antipov, qui était
un peu plus jeune que Lara, l'aimait à la folie et
lui obéissait en tout. Lara rêvait de l'épouser
lorsqu'ils auraient obtenu leurs diplômes d'Etat.
Pour
venir en aide à Rodia, qui avait contracté des
dettes au jeu, Lara avait emprunté de l'argent aux
Kologrivov. Sa situation lui semblait maintenant fausse et
intenable. Il lui semblait qu'elle était à charge
pour tout le monde, et qu'on évitait seulement de le
lui faire sentir. Parfois Lara en avait assez de la vie. Tel
était l'état d'esprit qui, à la Noël
1911, lui fit prendre une résolution fatale.
Ce
même jour, Tonia et Iouri avaient pris un traîneau
de louage pour se rendre à l'arbre de Noël des
Sventiski. Tonia était maintenant une femme et Iouri
déconcerté par cette découverte se sentait
soudain submergé par une ardente compassion et une
stupéfaction craintive qui est le début de la
passion.
Pendant
tout le temps qu'ils passèrent avec les Sventiski,
Lara était dans la grande salle. Soudain un coup de
feu avait retenti dans la maison. La foule du salon se déversa
dans la salle. Dans un groupe, légèrement en
retrait, on menait Lara en la tenant par le bras. " C'est
elle ! " Il se souvenait l'avoir déjà vue
un jour alors qu'il se trouvait par hasard à l'hôtel
Monténégro. Il l'avait vue dans sa robe de lycéenne,
dans la pénombre de la chambre d'hôtel. Il se
souvenait des regards qu'elle avait échangés
avec un homme grisonnant. Ce jour-là la vision de cette
jeune fille réduite en servitude, vision indiciblement
mystérieuse et effrontément révélatrice,
lui avait semblé comme une chose inquiétante
et attirante, trouble comme un rêve. Cette petite fille
chétive et si frêle était chargée,
comme d'électricité, de toute la féminité
du monde. Iouri fut stupéfait de la revoir. Et de nouveau
dans quelles circonstances extraordinaires ! Et de nouveau
cet homme grisonnant. Quelle est belle, fièrement belle
pensa-t-il.
Lara
avait voulu le tuer. Komarovski écumait de rage. Sa
situation était compromise. Il comprenait une fois
de plus combien cette fille folle et désespérée
était irrésistible. On voyait au premier regard
qu'elle n'était pas comme les autres.
Mais
le scandale avait été étouffé.
Pacha la soupçonnait maintenant de tous les péchés
mortels, était prêt à la maudire et à
la haïr tout en l'aimant éperdument ; il était
jaloux de ses pensées intimes, de la timbale où
elle buvait, de l'oreiller sur lequel elle était couchée.
On les maria le lundi de Pentecôte, quand le succès
à l'examen final fut devenu chose certaine.
Cette
nuit là, qui dura une éternité, l'étudiant
d'hier Antipov, connut tour à tour le comble de la
félicité et le fond du désespoir. Aux
aveux de Lara, son cur défaillait comme s'il
volait dans un précipice.
Les
Antipov s'étaient établis à Iouratine.
Lara s'occupait de la maison et de leur fille Katenka, qui
avait maintenant trois ans. Tous deux enseignaient au lycée
des filles. C'était exactement la vie dont elle rêvait.
Ils s'entendaient mais leurs relations manquaient de simplicité.
Lara l'écrasait de sa bonté et de ses attentions
et Pacha ne se permettait pas de la critiquer. La crainte
qu'elle ne le soupçonnât de quelque sentiment
injuste et blessant pour elle mettait une note de contrainte
dans leur vie. Ils rivalisaient de générosité,
et par-là même ils compliquaient tout.
Il
comprenait bien que ce n'était pas lui qu'elle aimait,
mais la tâche généreuse qu'elle remplissait
envers lui était l'incarnation de son propre sacrifice.
Qu'y
avait-il de commun entre cette digne et sainte mission et
une véritable vie de famille ? Le pire, c'était
qu'il l'aimait encore avec la même force. Lara était
belle à vous faire damner.
Puis
Pacha avait trouvé l'issue et un beau jour un avis
était arrivé provenant du bureau de recrutement
: il était admis à l'Ecole militaire d'Omsk.
Bientôt ses lettres arrivèrent du front. Antipov
voulait se distinguer. Puis ses lettres cessèrent d'arriver.
Lara fit des études d'infirmière et passa son
diplôme à l'hôpital. Convaincue de l'inutilité
des recherches faites à distance, Lara résolut
de les mener sur les lieux même des récentes
opérations militaire et partit comme infirmière
dans un train sanitaire qui se dirigeait à la frontière
hongroise.
Entre
temps Iouri Jivago etait devenu médecin militaire.
L'hôpital était installé dans un bourg
perdu sur une ligne de chemin de fer. C'était la fin
de février, le temps était plus doux. Jivago
lisait les lettres de Tonia. Soudain il entendit des pas légers.
Iouri leva les yeux. Lara venait d'entrer dans la salle.
Le
travail rapprochait souvent Jivago et Lara. Mais un jour Lara
ayant perdu tout espoir de retrouver son mari, repartit trouver
sa fille.
Au
bout d'un certain temps Jivago se prépara lui aussi
à partir. Depuis deux ans il était séparé
de sa famille. La guerre, son sang et ses horreurs, son désarroi
et sa sauvagerie l'avaient confronté à une réalité
nouvelle. La révolution, l'enthousiasme qu'elle lui
avait inspiré, n'était plus la révolution
idéalisée à l'étudiante comme
en 1905, mais la révolution sanglante, la révolution
militaire qui faisait fi de tout : les bolcheviks étaient
seuls à saisir le sens de cette tempête.
Iouri
pensait à l'infirmière Antipova jetée
par la guerre dans une vie inconnue, Antipova qui ne reprochait
rien à personne, Antipova dont l'effacement était
presque une plainte, cette femme mystérieusement laconique,
et si forte de son silence. Il pensait à ses efforts
sincères, surhumains pour ne pas l'aimer, lui qui toute
sa vie s'était efforcé de témoigner de
l'amour non seulement à sa famille et à ses
proches, mais à tout être humain.
Après
trois années de changements, d'imprévu, de voyages
; la guerre, la révolution, tous leurs bouleversements,
les fusillades, les scènes de ruine, les scènes
de mort, les destructions, les incendies, tout cela se transforma
pour Iouri en un vide dénué de sens. Il rentrait
chez lui, et il n'y avait que cela qui comptait : retrouver
Tonia, recommencer sa vie.
A
Moscou il retrouva les siens et ce qu'il y avait de plus nouveau
pour lui c'était son fils. Mais pendant les quelques
jours qui suivirent il découvrit à quel point
il était seul. Le mois d'août passa. On était
maintenant à la fin de septembre. L'inévitable
était tout proche. L'hiver venait et, dans l'univers
des hommes, on sentait se préparer on ne savait quoi
de fatal. La bonne vie bourgeoise boitait, se débattait,
se traînait, en titubant dans des ornières toutes
tracées. Le docteur Iouri ne se faisait pas d'illusions.
Il ne pouvait pas ignorer que la vie d'autrefois était
vouée à la disparition. Il jugeait que son milieu,
et lui-même, étaient condamnés.
A
l'hôpital les différenciations politiques avaient
commencé. Les modérés, dont la sottise
indignait le docteur, le trouvaient dangereux ; ceux qui étaient
politiquement engagés ne le trouvaient pas assez rouge.
Il n'appartenait ni à l'un ni à l'autre groupe,
il n'avait plus d'attaches avec le premier, il n'en avait
pas encore avec le second.
Vers
la fin octobre un communiqué gouvernemental de Pétersbourg
annonçait la formation d'un Soviet des commissaires
du peuple et l'instauration en Russie du pouvoir soviétique
et la dictature du prolétariat. On nommait partout
des commissaires aux pouvoirs illimités, hommes d'une
volonté de fer, vêtus de vestes de cuir, utilisant
toutes les mesures d'intimidation, armés de revolvers,
qui se rasaient peu et dormaient encore moins.
La
vie ancienne et l'ordre nouveau ne coïncidaient pas encore.
Il y eut trois hivers terribles, hivers de famine, sombres,
glacials, brisant toute habitude, reconstruisant l'existence
à sa guise et contraignant les hommes à des
efforts inhumains pour s'accrocher à une vie qui se
dérobait.
Au
mois d'avril toute la famille Jivago devait partir pour le
lointain Oural, vers l'ancienne terre seigneuriale de Varykino,
près de la ville de Iouratine.
Le
voyage fut long et inconfortable. Iouratine était occupée
par les Rouges. Au cours de ce voyage Jivago fit la connaissance
du Commissaire politique aux Armées Strelnikov. Celui-ci
incarnait la force de volonté à son plus haut
degré. Il était à tel point l'homme qu'il
voulait être que tout en lui semblait exemplaire : sa
belle tête au port magnifique, la rapidité de
sa démarche, ses longues jambes chaussées de
grandes bottes, sa vareuse de drap gris. On était impressionné
par la présence d'un talent naturel qui n'avait rien
de guindé et dont l'aisance devait être parfaite
en toutes circonstances.
Qui
était cet homme ? La rumeur publique identifiait Strelnikov
à Pavel Antipov le mari de Lara.
Varykino
avait appartenu dans le passé à Krüger
le grand-père de Tonia. Jivago était conscient
que maintenant ils utilisaient la terre illégalement.
Heureusement les distances d'éloignement de la ville
où personne ne sait rien de leur existence, les mettait
à l'abri pour quelque temps.
Un
jour dans la salle de la bibliothèque municipale de
Iouratine, Iouri Jivago parcourait les livres qu'il avait
demandés. A l'autre bout il y avait une lectrice. Iouri
reconnut aussitôt Larissa Fiodorovna Antipova. Il la
voyait de trois quarts, presque tout à fait de dos,
elle lisait avec passion, comme les enfants. " Elle ne
tient pas à plaire, pensait-il, à être
belle, séduisante. Elle méprise cet aspect de
la nature féminine et on dirait qu'elle veut se punir
d'être si belle. Et cette hostilité hautaine
envers soi-même la rend dix fois plus irrésistible.
"
Plus
de deux mois s'étaient écoulés depuis
le jour où Jivago n'était pas revenu de la ville
le soir même. Il était resté chez Larissa
Fiodorovna. Il avait dit ensuite chez lui que ses affaires
l'avaient retenu à Iouratine. Maintenant Iouri trompait
Tonia et lui cachait des choses de plus en plus graves, impardonnables.
C'était la première fois que cela lui arrivait
et il était accablé par le poids de la mauvaise
conscience.
Mais
cela n'avait pas duré. Mobilisé de force par
les partisans qui luttaient en Sibérie sur les arrières
de l'armée blanche, Jivago ne retrouvera plus au retour
sa famille émigrée à l'étranger.
L'armée était sans cesse en mouvement et le
docteur la suivait dans tous ses déplacements. Malgré
l'absence de chaînes, d'entraves et de gardiens, Jivago
était obligé de se soumettre à sa condition
de prisonnier. Trois tentatives de fuite avaient échoué.
Le
docteur était surchargé de travail. L'hiver,
c'était le typhus, l'été la dysenterie,
et avec la reprise des opérations le nombre de blessé
augmentait.
Plus
tard Jivago s'était a nouveau enfoui et cette fois-ci
son entreprise avait réussi. Il avait rejoint Lara
à Moscou. Lara le nourrissait, le guérissait
par ses soins, par son charme radieux de cygne blanc.
Lara
exhortait Iouri à retourner auprès des siens.
Le fait d'avoir quitté les rangs de l'armée
de la révolution fait de lui un déserteur. La
position de Lara est tout aussi précaire. Elle sait
que Strelnikov, son mari, a beaucoup d'ennemis. L'Armée
rouge est maintenant victorieuse et Pacha est un militaire
sans parti trop haut placé et qui en sait trop.
Lara
se sent profondément coupable à son égard.
Elle sait qu'il est un homme d'une immense valeur, d'une grande
droiture, elle pense qu'elle n'est rien à côté
de lui.
L'été
vint et passa insensiblement. Le docteur recouvra sa santé
et prit du service dans trois endroits. Il revenait de toutes
ces tâches à la nuit, fatigué et trouvait
Lara en plein travaux domestiques. Son charme était
émouvant, noble, il intimidait presque.
Lara
et Iouri étaient incertains devant l'avenir. Un jour
une lettre arriva, elle était de Tonia, elle lui disait
qu'ils partaient se réfugier à Paris, elle lui
parlait de Lara qui l'avait soignée au moment de ses
couches alors que Jivago était au front.
Elle
écrivait : " Je dois reconnaître en toute
sincérité que c'est quelqu'un de bien, mais
elle est exactement le contraire de ce que je suis. Je suis
venue au monde pour rendre la vie plus simple et chercher
la voie droite, elle pour tout compliquer et détourner
du droit chemin ". Iouri poussa un gémissement
involontaire et porta la main à la poitrine. Il sentit
qu'il allait s'évanouir, fit quelques pas en titubant
et s'écroula sur le divan sans connaissance.
Ils
quittèrent la ville par un matin gris d'hiver et allèrent
se réfugier à Varykino. En ville les arrestations
y battaient leur plein, mais il était à peine
plus raisonnable de s'attarder seuls et sans armes, en plein
hiver, dans cette effroyable solitude pleine de ses propres
dangers.
Ils
étaient à Varykino depuis douze jours lorsque
Komarovski était venu pour reprendre Lara. Komarovski
confia à Jivago que Strelnikov avait été
pris, condamné à mort et fusillé. Lara
et sa fille couraient un danger imminent. Il lui demanda de
l'aider à les sauver en les laissant partir avec lui.
C'est
ainsi que Jivago avait renoncé à Lara. Cet instant
était venu, cet instant était passé.
" Adieu Lara, au revoir dans l'autre monde, adieu ma
beauté, adieu ma joie, insondable, inépuisable,
éternelle. Je ne te reverrai plus, plus jamais, plus
jamais de ma vie, jamais je ne te reverrai ".
Iouri
Andréiévitck devenait lentement fou.
L'instant
que l'inconnu avait choisi pour apparaître était
inattendu. Le docteur avait l'impression d'avoir déjà
vu cet homme quelque part.
Soudain
il se souvint : le wagon du commissaire, ses principes rigoureux,
le bon droit ; Strelnikov ! Il n'était donc pas mort.
Komarovski avait menti.
Ils
parlaient déjà depuis longtemps, depuis plusieurs
heures bien sonnées, comme seuls savent parler les
Russes en Russie, comme parlaient en particulier les affolés
et les angoissés, les enragés et les frénétiques
que tous étaient alors. Le soir approchait. L'obscurité
tombait.
Il
parlait de Lara " c'est pour cette petite fille que je
suis allé à l'université, pour elle que
je suis devenu professeur. J'ai englouti une masse de livres
et acquis une foule de connaissances pour lui être utile.
Je me suis engagé dans l'armée pour la reconquérir
après trois ans de mariage, puis après la guerre
et mon retour de captivité, j'ai profité de
ce que l'on me tenait pour mort pour me consacrer tout entier
à la révolution sous un nom d'emprunt, et pour
la venger jusqu'au bout de tout ce qu'elle avait souffert,
pour effacer à jamais tous ces tristes souvenirs, pour
qu'il n'y ait plus de retour au passé. Je voulais d'abord
mener à bien la tâche de ma vie. Oh ! que ne
donnerais-je pour jeter sur elle ne fût-ce qu'un regard
! Il me semblait que ma liberté n'était pas
encore entièrement conquise Et maintenant tout l'édifice
est réduit en poussière. Demain on se saisira
de moi. On me prendra et on ne me laissera pas me justifier
".
Le
lendemain Iouri fit du feu dans la cuisinière, prit
un seau et partit chercher de l'eau au puits. A quelques pas
du perron, le corps de Pavel Pavlovitch était étendu
de biais en travers de l'allée, la tête enfoncée
dans un tas de neige : il s'était suicidé.
Pendant
les neufs dernières années de sa vie, Jivago
ne cessa de décliner : il perdait ses connaissances
de médecin, ses habitudes d'écrivain, il était
dans une indifférence prolongée envers lui-même
et le monde entier. L'ancienne maladie de cur avait
fait des progrès considérables.
Marina,
la fille du concierge Markel passait souvent chez lui pour
faire le ménage. Une fois, elle resta chez lui et ne
revint plus à la loge. Elle devint ainsi, sans passer
par l'état civil, la troisième femme de Iouri
Andréiévitch. Ils eurent des enfants.
Lara
avait assisté aux obsèques de Jivago. C'était
comme si elle avait déjà vécu vingt fois,
qu'à plusieurs reprises elle avait perdu Iouri Jivago
et qu'elle avait accumulé toute une expérience
du cur, si bien que tout ce qu'elle ressentait auprès
de ce cercueil était opportun.
Quel
amour ils avaient connu, libre, rare, incomparable. Ils avaient
aidé eux aussi à façonner la beauté
du monde.
Un
jour Larissa Fiodorovna sortit et ne revint plus. Sans doute
fut-elle arrêtée dans la rue. Elle dut mourir
ou disparaître on ne sait où, oubliée
sous le numéro anonyme d'une liste perdue, dans un
des innombrables camps de concentration du Nord.
Cinq
ans, dix ans plus tard, peut-être, deux jeunes gens
feuilletaient le recueil des écrits de Iouri Jivago.
.
La
victoire n'avait pas apporté la lumière et la
délivrance qu'ils en attendaient ; pourtant les signes
avant-coureurs de la liberté flottaient dans l'air
depuis la fin de la guerre, et ces années n'avaient
pas d'autre contenu historique. Ils avaient l'impression que
cette liberté intérieure était venue,
que l'avenir s'était posé, palpable, dans les
rues qui couraient à leurs pieds, qu'ils étaient
entrés dans cet avenir et qu'ils s'y trouvaient désormais.
Et le livre qu'ils tenaient dans leurs mains paraissait savoir
tout cela et apporter à leurs sentiments une confirmation
et un soutien.
Commentaires
Le
docteur Jivago est une somme, l'aboutissement d'une vie et
d'une uvre de poète. Annoncé dès
1954, il est refusé par les éditeurs soviétiques,
mais paraît à Milan (en italien et en russe en
novembre 1957, chez l'éditeur communiste Feltrinelli).
Le
docteur Jivago apparaît comme une fresque historique
de forme traditionnelle, où l'auteur nous présente,
à la veille de la première révolution
de 1905 et pendant son déroulement, plusieurs personnages
appartenant aux différentes couches sociales de la
société russe, auxquels il fera traverser les
épreuves de la Première Guerre mondiale et de
la révolution de 1917.
Cependant,
l'action se concentre très vite sur le trio formé
par une jeune femme, Larissa Guichard (Lara), fille d'un ingénieur
belge, le poète Iouri Jivago et le révolutionnaire
Pavel Antipov.
Le
père de Lara, décédé prématurément
a plongé sa famille dans le besoin. Lara, la jeune
fille pauvre, a été séduite dans sa première
jeunesse par Komarovski, riche avocat et homme d'affaires
qui a été le protecteur et l'amant de sa mère.
A la veille de la Première Guerre mondiale, elle épouse
Pavel Antipov, fils d'ouvriers qui a cru pouvoir oublier ses
origines en faisant des études supérieures.
Plus tard, poussé par le besoin de venger Lara il se
transformera, sous le pseudonyme de Strelnikov, en une sorte
d'ange exterminateur de la Révolution.
Sur
le front, où, infirmière, elle recherche son
mari disparu, Lara fait la connaissance de Iouri Jivago, médecin
et poète, fils d'un riche industriel ruiné et
acculé au suicide ; celui-ci l'a déjà
aperçue sans la connaître, lors de la révolution
de 1905, lorsqu'elle était pour lui " la petite
fille d'un autre milieu ".
Le
hasard - ou la providence - les réunira un peu plus
tard dans l'Oural, où il est allé se réfugier
avec sa femme, Tonia, son jeune fils et son beau père
le professeur Gromeko, dans le domaine familial de Varykino,
près de la petite ville de Iouriatine où Lara
est bibliothécaire.
Jivago
est devenu son amant, lorsqu'il est réquisitionné
de force par les partisans rouges, luttant contre l'armée
Blanche de l'amiral Koltchak.
Ayant
réussi à s'échapper, il se réfugie
avec elle dans la solitude enneigée et assiégée
par les loups du domaine de Varykino ; mais il la laissera
partir avec Komarovski, venu la lui enlever sous prétexte
de la mettre à l'abri.
Revenu
à Moscou, il n'est plus désormais qu'une épave
que seule une mort soudaine sauvera de la déchéance
totale. Cependant, quinze ans après sa mort, en 1945,
ses amis associent son recueil poétique posthume, au
pressentiment d'une délivrance prochaine que leur apporte
la fin de la guerre.
A
travers ces personnages et leur destin, on voit ainsi se dessiner
une fable symbolique. Lara personnifie la vie, le sentiment
de la beauté, de l'éternelle nouveauté
du monde qui s'exprime par tout le tissu poétique du
roman, et dont Iouri Jivago est l'interprète et le
serviteur.
Mais
elle incarne aussi pour lui la résonance tragique d'un
thème récurrent : celui de la beauté
asservie au mal. Son appel de détresse sans cesse l'obsède.
Pour
l'un et l'autre Lara, dont l'image s'associe à celle
de la Révolution de 1905, est un objet à la
fois de passion et de compassion, un défi auquel ils
doivent répondre. Pour relever le défi, Antipov
veut changer l'ordre du monde, " transformer la vie "
créer par la violence un univers où la femme
ne sera plus jamais soumise, avilie, exploitée par
le pouvoir de l'argent.
Iouri
Jivago, apparemment, n'a que sa passivité d'amant et
de poète à opposer à l'héroïsme
révolutionnaire, et ne parviendra pas plus qu'Antipov
à arracher Lara au dragon : elle ne finira par échapper
à Komarovski que pour tomber dans l'enfer du goulag.
Pour
les deux héros Lara personnifie la féminité
blessée et triomphante ; elle incarne la haute justification
morale de la révolution et son enracinement vital.
Deux
types humains, celui du révolutionnaire et celui du
poète, unis par une commune sensibilité au malheur
des hommes, en particulier au scandale de la condition féminine,
et par une commune abnégation (l'idée chrétienne
du sacrifice).
Chez
le révolutionnaire Pavel existe une maîtrise
de soi, une logique rigoureuse, une inflexible volonté.
Chez
le poète il y a la présence d'un abandon fataliste
à la vie. En effet Jivago est déchiré
entre l'adhésion de l'intelligence à la révolution
et la résistance de l'instinct poétique qui
voue sa fidélité à la vie. Et cette résistance
à la logique révolutionnaire paraît presque
honteuse, irrationnelle à l'époque de la révolution
triomphante.
Le
poète Iouri Jivago et le révolutionnaire Pavel
Antipov sont unis par le souci d'arracher la femme qu'ils
aiment tous deux, Lara, symbole de la vie, aux puissances
du mal. Le révolutionnaire répond au mal par
une violence qui le détruira lui-même, le poète
par l'amour et la création, dont l'expression la plus
haute est le sacrifice.
Deux
thèmes dominent la symbolique religieuse du roman :
celui de l'immortalité et celui du sacrifice.
Première
uvre d'un écrivain soviétique connu à
contester les bases idéologiques du système
communiste, le Docteur Jivago fait sensation en Occident,
où ses qualités littéraires lui assurent
un très large succès populaire.
En
octobre 1958, l'attribution du prix Nobel de littérature
suscite la fureur des autorité soviétiques qui
ont tout fait pour en empêcher la publication. Dénoncé
comme traître à son pays par une violente campagne
de presse à laquelle s'associe une partie de la communauté
littéraire, Pasternak doit refuser cette distinction
et adresser aux autorités une supplique où,
sans se renier, il doit désavouer l'interprétation
politique donnée à son uvre en Occident.
Michel Aucouturier
Bibliographie
:
Le
nouveau dictionnaire des uvres de tous les temps et
de tous les pays. - Laffont Bompiani
Le
docteur Jivago de Boris Pasternak - Edition Gallimard (Du
monde entier)
Michel
Aucouturier : Pasternak par lui-même.
Adaptation
cinématographique
Le
Docteur Jivago (Doctor Zhivago) est un film américain
réalisé par David Lean, sorti en 1965.
Il est l'adaptation du roman éponyme de Boris Pasternak.
Le producteur Carlo Ponti se fait céder les
droits du roman de Boris Pasternak pour le compte de la MGM.
Il en confie la réalisation à David Lean. C'est
une superproduction dont le coût s'éleva à
16 millions de dollars de l'époque (1965). Le film
est tourné en grande partie en Espagne où Lean
fait construire un des plus prodigieux décors de cinéma.
Maniant l'ampleur épique et le raffinement psychologique,
le film obtient un immense succès (5 oscars).
Il demeure célèbre pour la splendeur des décors
et des costumes, ainsi que pour la mélodie et la musique
d'accompagnement de Maurice Jarre. Omar Sharif : Docteur Youri Jivago Julie Christie : Larissa "Lara" Antipova Geraldine Chaplin : Mme Tonya Jivago Rod Steiger : Victor Komarovsky Alec Guinness : Général Yevgraf Jivago
(demi-frère)
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